Accidents, attentats, comment réagir face aux blessés ?

Il fait beau, tu es en train de boire un verre avec des amis au bar du coin de la rue.

Celui qui est juste à côté de ton appartement.

Quand soudain :

« BOUM »

Les vitres explosent.

Le souffle vous jette à terre.

Il y a de la poussière partout.

Un de tes amis hurle.

Sa main est en morceau.

Il lui manque des doigts.

attentat paris secours ambulance nuit

Votre ami est gravement blessé

Tu ne sais pas ce qu’il s’est passé : attentat, fuite de gaz, accident…

Tu ne sais pas quand les secours arriveront, ni même s’ils arriveront…

La seule chose que tu sais, c’est que ton ami est gravement blessé et pas toi.

Il n’y a que toi qui peux faire quelque chose.

Sa vie est entre tes mains.


Tu coures chercher le trauma kit qui est chez toi

Félicitations, tu fais partie du 1% de la population française qui est équipé.

Tu reviens au bar avec ton kit. Ton ami est toujours là, il se vide de son sang.

Il y a d’autres blessés tout autour de lui.

Aucune trace des secours.

Sa vie est entre tes mains.

 

OK, maintenant tu fais quoi ?

Tu as maintenant deux possibilités.

  • Possibilité 1

Tu ouvre ton kit et cherches frénétiquement quelque chose qui peut t’aider. Tu étales le contenu par terre pour mieux voir.

Tu l’as acheté sur internet il y a 8 mois, c’est la première fois que tu l’ouvres.

Tu trouves une compresse, tu la déballes et essayes maladroitement d’entourer sa main et les doigts qu’il lui reste, ça devrait le faire.

Le sang coule de partout, il gesticule, la compresse que tu as (mal) posée tombe.

Tu paniques, ton ami le sent et hurle encore plus fort.

Tu te rappelles que tu avais un garrot dans votre kit, tu places la bande de tissus sur son poignet ensanglanté et tu serres le scratch le plus fort possible.

Mais rien à faire, le sang coule toujours.

Ton ami hurle toujours autant. Tu paniques de plus en plus, tu ne sais pas quoi faire.

En désespoir de cause, tu déploies une couverture de survie sur ton ami.

Les secours arrivent enfin.

Ton ami est mort.

 

  • Possibilité 2

Tu analyses rapidement les blessures. A part la main arrachée, il n’y a pas d’autres saignements, OK.

Tu ouvres le kit et vas directement chercher le garrot tourniquet, OK.

Tu rassures votre ami : « T’inquiètes, je sais ce que je vais, ça va aller, je vais arrêter le saignement ».

Tu installes le garrot au milieu de l’avant du bras, tu serres la bande de tissus, tu places le scratch, puis tu tournes le tourniquet le plus fort possible, OK.

Le saignement ralenti rapidement, tu utilises le stylo marqueur de ton kit pour inscrire l’heure à laquelle tu as posé le garrot sur la bande blanche, OK.

Tu rassures ton ami :« C’est bon, ça a marché, ça ne saigne plus. Tu as juste une bonne coupure, les secours arrivent bientôt ». 

Ton ami se clame, il sent que tu maîtrises la situation, il est rassuré.

Tu installes le pansement israélien sur sa main déchiré, OK.

Tu rassures ton ami : « OK, je viens de mettre le pansement, tout va bien, je vais te mettre une couverture de survie, les secours arrivent dans quelques minutes ».

Tu installes la couverture de survie sous son corps pour l’isoler du sol froid et éviter que son corps ne refroidisse.

Ton ami est stabilisé.

Les secours arrivent enfin.

Ils l’emportent vers l’hôpital.

Il est vivant.

 

La différence entre un ami en vie et un ami mort

Dans les deux cas, tu avais le même kit de secours.

Ce qui a fait la différence entre un ami mort un ami vivant, c’est que tu savais parfaitement utiliser tous les éléments du trauma kit.

Tu t’étais entrainé AVANT l’accident.

Pour savoir utiliser correctement ton trauma kit, il y a deux choses que tu dois faire.

1- Apprendre les bases théoriques

Pour cela, je te recommande la lecture du Memento Primo Intervenant Attentas, créé par deux professionnels du secteur.

Il indique la marche à suivre dans chacune des situations que tu peux être amené à rencontrer en secourant un blessé grave.

Chaque cas est illustré par une série d’images pour une bonne compréhension des gestes à suivre.Vous pouvez le trouver pour une dizaine d’euros sur leur site : https://www.safemedic.fr/

2- Suivre un stage TCCC

Le stage Tactical Emergency Casualty Care (Soins aux blessés en situation de combat) est une référence dans le milieu de la sécurité.

C’est le seul stage certifié qui forme à la gestion des blessés en milieu de guerre.

Mais il est aussi particulièrement utile si tu interviens sur un accident de la route ou un accident domestique grave.

 

Prépare-toi !

 

Antoine
Apprendre Préparer Survivre

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[…] 1 trauma kit […]

Auresyl
Auresyl
3 années il y a

Le kit avec soi tout le temps… Et formation obligatoire lors de la JDC.

Pierre BELARBI
4 années il y a

Salut Antoine,
Malheureusement, dans le monde actuel, nous pouvons tous un jour être confronté à ce cas de figure.
J’ai lu les commentaires en réponse à ton post et j’y ai trouvé beaucoup “d’approximations”, je voulais y apporter quelques précisions…
certains pensent que la foi et un bandana suffiront à secourir une personne … je n’aimerais pas être cette personne !
D’autres parlent de point de compression … on parle plutôt de “compression manuelle” et sur un membre déchiqueté je leur souhaite bien du courage.
Dans ton scenario après l’explosion tu cours chez toi chercher ton “trauma kit”, tu reviens et c’est là que tu retrouvera ton ami mort…
Une personne qui est victime d’un saignement abondant (hémorragie) se retrouve très rapidement en détresse circulatoire et ne vivra que quelques minutes si rien n’est fait pour stopper l’écoulement sur le champ.

Les priorités si tu te retrouves dans cette situation sont :

– Vérifier qu’il n’y a pas de dangers persistants (présence de terroristes, murs qui risquent de s’effondrer, …)
– S’assurer que les secours ont été appelé
– Trouver de quoi faire un garrot tourniquet (cravate, serviette, bande de tee shirt, …), poser le garrot sur le membre atteint sur l’avant bras (ce qui est indiqué dans les référentiels de secourisme, mais il sera plus efficace si vous le posez au dessus du coude car il n’y a qu’un os dans le bras).
– En aucun cas tu ne laisses ton ami seul (sauf si ta vie est menacée) il peut perdre connaissance, ou pris de panique se mettre à courir.
– Tu attends l’arrivée des secours.

La pose d’un Garrot ne s’improvise pas et ne s’applique que dans certains cas (membre sectionné ou arraché, fracture ouverte avec hémorragie, objet dans la plaie), au bout de quelques heures (2 ou 3 ) la partie en aval qui n’est plus irriguée se nécrose, présence de toxine et si le blessé n’est pas pris en charge rapidement il risque de perdre son membre.

Avoir du matériel c’est très important mais sans formation ça ne servira pas à grand chose, c’est comme avoir une Ferrari et jamais avoir appris a conduire…

Prenez soin de vous …et des autres ! Formez-vous !

Pierre

FX
FX
3 années il y a
Répondre à  Pierre BELARBI

bonsoir Pierre,
Quand certains évoquent les points de compression, il ne s’agit pas de compressions manuelles tel que l’on l’entend de nos jours en secourisme, mais d’une pression sur une artère en amont du trauma.
C’est une technique qui n’est plus enseignée car elle ne fait plus partie des référentiels. Les anciens qui la connaissent s’en serve encore avec efficacité, mais elle était source d’erreur et pouvait nuire à l’efficacité de l’action secouriste.
Concernant le garrot, la pose exclusive sur la partie supérieur du membre n’est plus enseignée depuis maintenant 3/4 ans, la pose du garrot est enseignée en amont de la plaie, sur l’ensemble des membres à l’exclusion des articulations (Si tu es curieux de connaitre le pourquoi du comment de ce changement de doctrine n’hésite à me contacter ou à contacter d’autres formateurs compétents… 😉 )
Ce sera difficile mais oui tu laisseras ton ami seul car en présence de multi-victimes il te faudra être à tous et à chacun….une fois ton garrot posé (correctement, vérifié et noté) tu vogueras de victimes en victime en priorisant tes soins et/ou en faisant un CR aux autorités….

cordialement,
FX

Romain Melvin
Romain Melvin
3 années il y a
Répondre à  Pierre BELARBI

@Pierre: J’allais répondre la même chose, le garot au dessus du coude, et le blessé est quasi sûr de se faire amputer. Pour éviter des amputations inutiles, certains pays n’enseignent pas le garot dans les stage de premiers secours.
Dans tous les cas, il est important de se former et d’entretenir ses connaissances, avant d’investir dans du matériel inutile voire dangereux si on ne sait pas s’en servir.
Pour info, la Croix rouge a rajouté un module analyse de risques à ses formations, c’est un bon complément.

Hélène Astier
Hélène Astier
2 années il y a
Répondre à  Pierre BELARBI

Parfait pierrequand on appelle les secours bien indiquer le lieu ou l’on se trouve.sur certains portables il y a un site qui indique ta position .

Tyawikuro
Tyawikuro
4 années il y a

Pour ce qui me concerne : pas de formation, pas trop de préparation et juste la “foi” pour l’instant… Mes aides : un bandana en permanence dans ma poche (qui peut notamment servir de garot, entre autres) et les mots qui devraient pouvoir rassurer. Même sans réelle formation, avoir un peu de matériel me semble sage toutefois. Comme à la maison lorsqu’on a besoin d’un simple pansement, autant en avoir et savoir où ils sont!
Ce que je vois autour de moi, et dans les réponses (et sans jugement) :
1- les “jedi” du secourisme, les pros, les experts (des fois un peu “tout ou rien”)
2- les transparents/hypocondriaques : peur panique d’une goutte de sang, plutôt être une victime qu’aidant
3- les bonnes volontés, conscientes, qui peuvent s’intéresser à comment s’y prendre
4- le reste du monde, peut-être fatalistes, peu au fait de ce qui pourrait se passer et la place qu’ils pourraient y prendre.
Au fil du temps, j’ai un peu évolué, de 2 vers 3, en essayant de ne pas céder au catastrophisme toutefois (pas de psychose, de défibrillateur dans le sac à toutes fins utiles, de syndrôme du pompier pyromane… ;-). C’est vite arrivé!).
Tout l’enjeu étant à mon sens d’être conscient de ses forces et faiblesses et de voir quelle place chacun de nous peut/veut prendre.
Merci pour ta démarche et merci à la communauté, tout deux constructives.

Phulpin Olivier
Phulpin Olivier
4 années il y a

Le trauma kit à la maison ne sert à rien. Des minutes de perdu et une vrai hémorragie, tu perds le gars en 1mn donc c’est point de compression demblai, si nombreuse victime, garrot système D avec crevette ou ceinture, pas de chichi. Et au PSC1, on ne parle que du garrot, et on évite d’en parler car c’est un élément de recours ultime qui peut occasionner la perte du membre si la victime n’est pas prise en charge très rapidement. Valable pour les personnes isolées ou si nombreuses victime comme attentat, et à moins d’être superman risques ton pote et son membre en lui faisant un point de compression, et pas un garrot. Tu peux pas sauver la terre entière.
L’usage du garrot doit être de dernier recours !!!

LongueAttente
LongueAttente
4 années il y a

Bonsoir,
Mon fils est élève de collège (14 ans) et viens de réussir son PSC1 à la croix rouge.
Cout total : 30€ + repas du midi 😉
Formation au cours de laquelle il a appris à faire un garrot tourniquet avec une écharpe et un stylo.
Perso, je préfère les garrot type Swat-t : réutilisables (donc entrainement possible), usages multiples, etc….
Ou les trouver ? : Amazon, Welkit, Terrang, etc…
Concernant le fascicule “Damage control” effectivement, il est vraiment très bien.
Bonne formation 😉

Lilian Lucas
Lilian Lucas
4 années il y a

Je suis un élève de lycée ok mais ton article m’a pas trop aidé car on sait pas où sont les trauma kit

LongueAttente
LongueAttente
4 années il y a
Répondre à  Lilian Lucas

Bonjour, un trauma kit sympa est celui de Celops : https://celops.org/eshop
La version intermédiaire, à 50€, emballée sous vide, prends très peu de place et est à l’abri de l’humidité, ce qui implique une conservation longue.
Perso, un kit par véhicule…
Le tout ne sert à rien sans formation, bien entendu 😉